Interview exclusive Michel Perry !

Chers tous,

Vous connaissez l'attachement que j'ai pour la Maison Weston, que je pratique depuis plus de 20 ans maintenant. Grand admirateur de Michel Perry, j'ai eu l'occasion il y a quelques mois de l'interviewer à Paris, au sujet de ses douze années de collaboration fructueuse avec la marque limougeaude. Voici mes questions, voici ses réponses...


1. Quel bilan tirez-vous de ces douze ans de collaboration avec JM Weston ?

Cela me rappelle la rencontre, aux origines de la marque, entre Messieurs Blanchard et Viard. Le premier incarnait l’atelier de Limoges et le second Paris. Ils sont à l’origine de la fondation de JM Weston. Il s’est passé la même chose lorsque Christopher Descours m’a appelé et m’a demandé de retravailler sur les Collections, sans toutefois les dénaturer. A l’époque, en 2001, je ne connaissais pas les origines de cette rencontre, maintenant je peux faire le parallèle.
J’avais déjà un ressenti par rapport à la marque, car je suis de la génération des années 60 et j’ai gardé un souvenir indélébile de ce que représentait Weston même si j’étais un peu jeune pour « accéder » aux minettes du Drugstore (rires) !
Cette collaboration a pris forme à une période où le côté « rock n’roll » qui correspondait à mon image de Dandy extraverti à la David Bowie est entré dans la vulgarité. Tout ce qui pouvait être fait avait été fait, la mode avait tout récupéré, ça ne m’intéressait plus. Weston était à mi-chemin entre les classiques anglo-saxons et la chaussure italienne avec un vrai savoir-faire. Mais le cahier des charges était tout de même assez tendu. Travailler sur des formes très académiques m’a permis de m’exprimer, de puiser dans mes références et de l’associer à Weston. La faisabilité et le savoir-faire étaient là, sans quoi cela n’aurait pu fonctionner.

2. Quel regard portez-vous sur les modèles historiques de JM Weston ?

J’étais fan, mais toutes les collections étaient au même niveau, il a fallu faire un tri puis mettre en valeur pour les valoriser. J’aime particulièrement les Triple semelles, les Chasse…ce dernier est d’autant plus séduisant aujourd’hui qu’il y a toutes les autres collections.

3. Quelle est de toutes vos collections celle que vous préférez ?

La prochaine (rires) ! Ce serait les Flore. Les Flore, c’est l’essence du dandysme, il n’y a rien à rajouter.

4. Le dénominateur commun des lignes Perry c’est le chaussant ?

Il y a des normes chez Weston en matière de chaussant avec lesquelles on ne transige pas. Le pied doit trouver son espace. Il fallait qu’il y ait un maintien de l’identité Perry, mais avec une approche masculine spécifique. La femme a un corps à mettre en valeur en plus de la fonction. Il faut faire des concessions, notamment sur le confort. Chez certains confrères féminins, la notion dominante c’est le « dolorisme » (rires), et la femme doit l’accepter. Il faut souffrir pour être sensuelle (rires) ! Dans les années 50/60, les chaussants étaient étroits, les femmes souffraient déjà. Il faut toujours donner un peu plus de longueur pour allonger. Pour l’Homme j’essaie toujours de rester mesuré, de ne pas caricaturer comme certaines chaussures italiennes, souvent clownesques. Les Eton par exemple, ont été très longues à mettre au point. C’est une forme très particulière, avec des codes inversés, un effet « twist ».

5. Parlez-nous du montage de semelle très fin…

A partir du moment où l’on utilise des formes affinées, il paraît logique d’avoir un cousu Goodyear plus fin. On peut aussi affiner les peausseries et les bouts durs, mais là on rogne sur la qualité, à terme la chaussure n’a pas la même résistance. Ce n’est pas Weston.

6. Les talons cubains, autre signature ?

Cela prolonge la ligne et contribue à la légèreté de l’ensemble. Sur Claridge et Eton en revanche, on retrouve une facture plus classique (6 œillets, lisses carrées, talons droits…), on a des chaussures « terriennes » dans le style du modèle « 300 » qui offre une très belle forme.

7. D’où vient l’inspiration de la dernière collection Eton ?

Je voyage souvent en Grande-Bretagne, j’ai du sang anglais. J’ai ouvert une boutique Michel Perry à Londres, donc j’y ai fait pas mal d’allers-retours depuis deux ans. Il y a d’abord eu la Claridge qui traduit le rapprochement entre le traditionnel et le contemporain. Il fallait trouver un équilibre. Les Eton ont un côté un peu « uniforme détourné », c’est l’esprit. C’est une ouverture sur la vie, cette collection n’est pas une posture snob. Aujourd’hui l’élégance et la culture doivent faire partie de la vie. Je suis allergique à la consommation de masse, je ne comprends pas qu’elle puisse nous rattraper. Eton, c’est l’anti « semelles rouges », l’anti paraître, cela inscrit Weston dans une démarche élégante et culturelle.

8. Dernière question : JM Weston, marque institutionnelle ?

Bien sûr ! Et si vous allez à Limoges, tout est là, pas question de toucher à quoi que ce soit (rires) !



Shu.

Alors là, je dis bravo et chapeau bas Monsieur Shu.

Merci pour cette interview simple et authentique qui confirme ce que je ressens lorsque j'admire les modèles Perry pour Weston: "moderne dans une peau classique".

Merci pour cette interview

Merci!!

Merci Shu...sympa cet entretien

shulova a écrit:
3. Quelle est de toutes vos collections celle que vous préférez ?
La prochaine (rires) ! Ce serait les Flore. Les Flore, c’est l’essence du dandysme, il n’y a rien à rajouter.

Maintenant, si certains pouvaient encore avoir des doutes, la chose et entendu tu es donc ontologiquement un multi-dandy-récidiviste combien de paires achetées, re-vendues, restockées ....

Merci Shu et bravo!

La qualité des réponses est toujours le resultant de la qualité des questions

Merci pour cette interview. Le passage sur les Flore a dû particulièrement te réjouir.

Shu, merci!!!

Bon, le mois prochain tu interviewes qui donc???
m'ci de partager

Très sympa cette interview, elle aurait peut-être méritée un peu plus d'écho. Le magazine Monsieur n'a pas voulu l'intégrer dans les papiers que tu rédiges pour eux à l'occasion ?

Je te tire mon chapeau!

Dis moi Shu, j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Merci Shulova. Un mythe et un bon moment de lecture.
--
HCP

Merci shu pour cette interview fort intéressant.

Sybarite a écrit:Le magazine Monsieur n'a pas voulu l'intégrer dans les papiers que tu rédiges pour eux à l'occasion ?

Non, je leur ai en effet proposé en premier lieu, mais c'est compliqué apparemment.

Shu.

kjeldor a écrit:j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Je ne suis pas sûr que la présence d'oeillets métalliques définisse la qualité ou la non-qualité d'une chaussure. Certaines Berluti en ont, et parfois lorsqu'ils étaient mal ébarbés, ils déchiraient les lacets...

Shu.

kjeldor a écrit:Je te tire mon chapeau!

Dis moi Shu, j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Les C&J Lonsdale gamme Hand Grade n'en ont pas non plus. Ce n'est pas à ça que l'on reconnait des chaussures de bonne qualité ou non.
Je ne sais pas ce que c'est que "l'Art de bien se chausser", ils ont l'air de raconter n'importe quoi.

François a écrit:

kjeldor a écrit:Je te tire mon chapeau!

Dis moi Shu, j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Les C&J Lonsdale gamme Hand Grade n'en ont pas non plus. Ce n'est pas à ça que l'on reconnait des chaussures de bonne qualité ou non.
Je ne sais pas ce que c'est que "l'Art de bien se chausser", ils ont l'air de raconter n'importe quoi.

Et la, c'est un peu ton domaine d'expertise, non?

Oyaji-sama a écrit:

François a écrit:

kjeldor a écrit:Je te tire mon chapeau!

Dis moi Shu, j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Les C&J Lonsdale gamme Hand Grade n'en ont pas non plus. Ce n'est pas à ça que l'on reconnait des chaussures de bonne qualité ou non.
Je ne sais pas ce que c'est que "l'Art de bien se chausser", ils ont l'air de raconter n'importe quoi.

Et la, c'est un peu ton domaine d'expertise, non?

On le taquine notre François mais c'est parce que l'on aime bien!
Merci Shu et François pour vos réponses.

Oyaji-sama a écrit:

François a écrit:

kjeldor a écrit:Je te tire mon chapeau!

Dis moi Shu, j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Les C&J Lonsdale gamme Hand Grade n'en ont pas non plus. Ce n'est pas à ça que l'on reconnait des chaussures de bonne qualité ou non.
Je ne sais pas ce que c'est que "l'Art de bien se chausser", ils ont l'air de raconter n'importe quoi.

Et la, c'est un peu ton domaine d'expertise, non?

Je ne prétends pas du tout être un expert, mais ce qui m'énerve ce sont ceux qui prétendent avoir de grandes compétences alors que ce n'est pas le cas

Oyaji-sama a écrit:

François a écrit:

kjeldor a écrit:Je te tire mon chapeau!

Dis moi Shu, j'ai lu "L'art de bien se chausser" et il est écrit que l'on reconnait, entre autre, une paire de souliers de qualité à la présence d’œillets métalliques, or toutes les JM Weston que j'ai pu voir n'en ont pas... Quel est ton avis?

Les C&J Lonsdale gamme Hand Grade n'en ont pas non plus. Ce n'est pas à ça que l'on reconnait des chaussures de bonne qualité ou non.
Je ne sais pas ce que c'est que "l'Art de bien se chausser", ils ont l'air de raconter n'importe quoi.

Et la, c'est un peu ton domaine d'expertise, non?

Bravo shu..

Je me joins au concert de louanges.

J'ai eu plaisir à lire cette interview.

Merci beaucoup interview.

Je me suis toujours demandé quelle était la vrai durée d'une itw, par rapport au rendu. Pour celle-ci, par exemple, combien de temps as-tu pu passer avec le maître?

Wis a écrit:Pour celle-ci, par exemple, combien de temps as-tu pu passer avec le maître?

J'ai passé deux heures avec lui dans le showroom de l'avenue d'Iéna, j'ai tout enregistré sur un mini-magnétophone, et tout retranscrit après. Michel est un homme à la fois extrêmement professionnel, accessible et humble, et ce qui ne gâche rien, drôle.

Shu.

Félicitation et merci d'avoir pris de ton temps pour nous faire partager ton interview....