Alexander Korda

Les chaussures d'Alex -des dizaines de paires, toutes faites à la main chez Lobb, toutes sur des embauchoirs en bois sculptés à la main ornés d'une plaque en cuivre gravées au nom d'Alex-, reposaient en rangées bien ordonnées, lustrées à la perfection par le doigté magique de Benjamin. Les chemises d'Alex -des centaines, de chez Sulka, Knize ou Harvie & Hudson, en soie crème, grises en coton à longue soie, en voile bleu pâle ou blanc cassé, chacune d'elles avec un monogramme et des boutons aux poignets (Alex avait horreur des boutons de manchette), toutes cousues à la main sur mesure-, étaient empilées dans des tiroirs spécialement conçus à cet usage, enveloppées sous emballage individuel de cellophane. Les chaussettes d'Alex en soie noire, ses cravates en soie grise discrètement quadrillées, ses mouchoirs en linon irlandais (grands et si légers qu'ils flottaient dans l'air quand on les laissait tomber une fois ouverts) délicatement brodés aux initiales d'Alex, ses caleçons en soie faits à la main et ses chemises du soir en piqué amidonné ...

ou encore :

Les Korda avaient le plus grand dédain pour le "chichi" ... C'était avoir des goûts simples que d'acheter ce qui se fait de mieux : chemises chez Sulka, cravates chez Knize, chaussures chez Lobb, chapeaux chez Locke. Mais c'eut été faire des chichis que les porter avec élégance ou simplement se préoccuper de l'aspect qu'ils pouvaient offrir ... La liste des des objets chichi était interminable et mystérieuse.

J'adore ce genre de passages dans un livre. Ceux-ci sont tirés du livre "Des vies de rêve", de Michael Korda, neveu d'Alex. Comme j'aime beaucoup lire des biographies de ce genre de personnage flamboyant.

Alexander Korda (devenu "Sir" en 1942), grand ami de Winston Churchill (et grand amateur de havanes) est né Sandor Kellner en 1893, en Hongrie, dans une famille assez pauvre. Il devient réalisateur et producteur de films dans les années 1910, devient très connu en Hongrie, fuit la Hongrie et son régime fasciste vers 1920, se réfugie à Vienne puis à Berlin où il poursuit sa carrière, passe à Hollywood à la fin des années 20, mauvais souvenir, arrive en France où il réalise Marius, le premier film de la trilogie, puis part en Angleterre peu de temps après, où il crée pratiquement l'industrie cinématographique anglaise. Marié trois fois, dont la deuxième avec l'actrice hollywoodienne Merle Oberon (Les Hauts de Hurlevent entre autres). Plus ou moins agent de renseignement pour l'Angleterre pendant la guerre (pendant qu'il était réfugié à Hollywood). Il est mort en 1956.

Il est inséparable de ses deux frères, Zoltan, réalisateur (Le livre de la jungle, Le voleur de Bagdad, entre autres) et Vincent (le père de Michael), grand chef décorateur.

Le voici :


Avec ses frères (Vincent à gauche, Zoltan à droite) :


Quelques films produits ou réalisés :

une petite page de culture qui me manque (en dehors de certains films resultants de la production...)

je ne te promets pas de m'y plonger, mais merci pour le partage

Sirine, c'est en suivant le CHE que tu es arrivé à Korda ?
(est-ce le même Korda d'ailleurs?)

Bien qu'Alexander Korda ait fricoté brièvement avec le régime communiste installé en Hongrie en 1918-1919, il n'a rien à voir ni avec le Che ni avec son photographe