Idées reçues ?

Voilà un sujet polémique en diable : les croyances des amateurs de chaussures sont-elles toutes fondées ? Je me permets de donner mon point de vue sur certaines d'entre elles et d'ouvrir le débat. Dans la plupart des cas, il s'agit d'expressions usant et abusant de mots courants sans trop se soucier s'ils ont un sens dans le contexte du cuir et des chaussures.

1. Le cirage est maléfique, la crème est divine.
   Dans les deux cas, le vrai principe actif me semble être... les cires. La différence ne serait-elle pas au niveau du pouvoir colorant plutôt qu'a l'effet sur la longévité ?
   Variation sur le même thème : Il faut nourrir le cuir (donc le crémer, CQFD. Mais quelle est donc la ration calorique quotidienne par cm2 de cuir ?)
   
2. Masser le cuir fait pénétrer la crème.
   Corollaire du précédent, si le pouvoir de protection réside dans les cires, il est illusoire de chercher à faire pénétrer quoi que ce soit. En outre, côté fleur, il y a quelques menus obstacles à franchir (la fleur et la finition apportée par le tannage au chrome). Sans compter, bien sur qu'un cuir n'a pas grand chose à voir avec les cuisses endolories d'un sportif et une peau vivante, avec des pores dont l'ouverture est contrôlée par l'organisme et une structure tout à fait différente (si la peau était du cuir, il n'y aurait pas besoin de tannage, je dis cela comme ça, en passant).
   
3. Il faut crémer le cuir après achat.
   Et oui, les fabricants et vendeurs sont des affameurs et le premier geste de l'amateur averti consiste donc à hydrater le cuir sec avec un produit nourrissant (il est bien connut que l'on hydrate avec du gras). Cette dernière affirmation recèle toutefois une piste intéressante si on la met en rapport avec l'utilité des produits qui aident le cuir à s'adapter au pied (les stretch, appréciés des cordonniers). Car bizarrement, un cordonnier, avant de mettre une chaussure sur une forme, ne se soucie pas de le nourrir (les artisans sont cruels !) mais par contre il l'asperge de stretch. Il y a là une piste à creuser.
   

Ce que j'ai pu constater au fil de lectures sur le sujet et de quelques conversations, c'est que les discours sont quand même assez variables sur le sujet, avec une tendance (sous influence sûrement) à rejeter le cirage au profit de la crème (et spécialement la Saphir).
Pour ma part, je n'ai aucune certitude. Ma démarche est plutôt la suivante :
- 1 crémage et 1 cirage mensuel environ pour chaque paire.
- Au préalable, nettoyage au lait Famaco pour ... nettoyer le passage précédent.
- Crème et cirage dans la teinte, sauf si je veux modifier un peu la teinte évidemment, mais ce type d'expérience ne m'intéresse plus trop, je préfère désormais laisser la patine évoluer plus "naturellement".
- Environ 1 fois par an, grand nettoyage à l'essence F.

J'ai une interrogation : qu'est-ce qu'apporte au juste la crème universelle Saphir (ou Grison) par rapport aux crèmes teintées ?

sirine a écrit:J'ai une interrogation : qu'est-ce qu'apporte au juste la crème universelle Saphir (ou Grison) par rapport aux crèmes teintées ?

Si je ne me trompe, la crème universelle Saphir est chaudement recommandée par A. Delos (entre autre).

Comme élément de réflexion, voici ce que préconise le Centre Technique du Cuir (CTC) pour les cuirs lisses :

"Bien que le cuir soit protégé par une finition, l'entretien est cependant indispensable. Sueur, sébum et microsaletés sont les pires ennemis du cuir, ou plus exactement de sa finition.
Première opération indispensable : l'essuyage de la surface avec un chiffon doux humide, imprégné d'un peu de savon (type savon de Marseille).
Deuxième opération : l'application d'un produit généralement à base de cires, qui créera une fine pellicule protectrice à la surface du cuir.
Quel que soit le produit choisi (pâte, crème, liquide), l'élément actif est la cire (d'où le terme générique de cirage).
[...]
Préférez les produits en pâte ou en crème, qui sont ceux contenant le plus de cire, et sont donc les plus efficaces."
in La chaussure sous toutes ses coutures, CTC.

J'en profite pour ajouter que l'entretien des cuirs velours fait bien plus consensus. Pour autant, je n'ai jamais entendu dire qu'il fallait nourrir les cuirs velours avec le la crème ou je ne sais quoi d'autre. S'agirait-il d'une famille particulière de cuir, les cuirs anorexiques ?
Sauf erreur, pour les cuirs lisses ou velours, les peaux sont les mêmes, le tannage est le même : seule la finition change. Alors ? Pourquoi chercher à nourrir l'un et pas l'autre ?

Il ne faut pas perdre de vue que le cuir ne vit plus, ce n'est plus une peau. L'action principale des crèmes, cirages et autres est simplement de déposer une "couche" entre le cuir et les attaquent extérieures !

L'intérêt de la marque Saphir est l'absence de Silicone dans la composition si je ne m'abuse.

Raromatai a écrit:
[list=1][*]Le cirage est maléfique, la crème est divine.

Disons que le cirage est destiné à être enlevé/remis/enlevé/remis. Je dirais qu'il ne vaut mieux pas qu'il s'accumule aux plis sous peine d'accélérer le craquellement du cuir.
Quand à la crème, elle semble toujours plus fluide que le cirage, elle a tendance à partir en grain plutôt qu'en paillette. Je suis fana de crème MO, qui ont un rendu plus subtil que les surfines classique. Quand aux Grison, je n'aime pas leur texture granuleuse personnellement.

Raromatai a écrit:[*]Masser le cuir fait pénétrer la crème.

Non pas vraiment, les pigments restent sur les couches les plus élevées (cela dépend aussi du cuir et de sa porosité)
Certains cuirs perdent tout les pigments ajoutés avec un coup de crème universelle, d'autres sont plus tenaces. Le premier crémage est le plus important et dans une moindre mesure, le deuxième.
Par contre je trouve la crème universelle plus efficace en massant, probablement parce qu'elle ramollit le cuir et que le faire travailler dans cet état permet de réduire les ridules (botox inside).
De même en remettant une vieille paire de chaussures sur sa forme et en l'humidifiant et la travaillant, elle regagne en souplesse et lissé.

Raromatai a écrit:[*]Il faut crémer le cuir après achat.

Je dirais, cela dépend... Certains cuirs ont un aspect trop brillant lorsqu'ils sont neufs, avec un grain qui ressort beaucoup. Je me souviens d'un cuir qui, passé un coup d'acétone avait perdu son côté bookbind certe pratique sous la pluie mais assze immonde en pratique.
Je dirais aussi que cela dépend de la gamme. Des corthay neuves n'ont pas besoin d'un bichonnage d'autant plus qu'elles viennes d'être patinées. Par contre sur une marque bas de game la peau aura un aspect brut comme chez Bexley.
je n'ai par contre pas d'expérience de cuir "mort de soif" après avoir passé trop de temps en boite (pauvre bête...)

Ca me donne une idée, j'ai du cuir brut non patiné (Vegano d'Annonay) sous la main. On pourrait faire un petit protocole pour voir l'effet teintant des cires, crèmes et autres sur le cuir.