Expérience chez un tailleur

Quelques mots pour partager, modestement, une expérience avec un tailleur...
David Diagne, une quarantaine établie, au parcours singulier : la faculté de sociologie de Toulouse le mènera, après un virage en épingle (?) vers la couture dont deux ans chez Lanvin. Atypique et passionné, la tradition de coupe de Ladevèze-Darroux est bien digérée et il se présente, redoutable modeste, comme la main armée de vos désirs !

Les miens étaient simples, je voulais goûter à la mesure, ni la petite ni la grande mais l’authentique. Le cahier des charges élémentaires : un costume pour vivre au quotidien, une seconde peau montée comme une armure protectrice qui laisse le mouvement libre.
Plus formellement, je ne souhaitais pas de tissu luxueux qui se remarque (une laine de 350gr, bleue marine à chevrons imperceptibles fera ainsi l’affaire) mais j’aspirais à une coupe irrépréhensible sinon impeccable ; la ligne de mire étant Salvator Dali : ne craignez pas d’atteindre la perfection, vous n’y arriverez jamais ! David était prévenu, le jeu l'amusa.

Avant de plonger, j’avais rendu visite à quelques tailleurs pour voir, humer, tâter et papoter chiffons. Tous ont les mêmes liasses des mêmes drapiers, certains ont des marques de fabrique voire des marottes plus ou moins heureuses, mais discuter je veux dire avoir un échange, fut parfois rude, chaotique. Entre le péroreur qui bave sur ses confrères et l’indigent du verbe, ce fut un enchantement de surprendre l’espièglerie de David Diagne.

Les choses sérieuses commencèrent fin mars : choix du tissu (réglé en moins de 10 minutes) et de la coupe (classique 2 boutons, 3 poches à rabat). Le gros morceau, ce fut la prise de mesure pendant une bonne heure, bien gonflée. Ce fut un exercice plus périlleux que chez le chemisier car le mètre-ruban ne fait aucun cadeau et révèle toutes les imperfections héréditaires et autres accidents disgracieux ; une épaule plus haute ou plus courte que l’autre, un côté plus fort que l’autre, … donc une séance éprouvante mais riche pour l’estime de soi… le tailleur est alors entre le psy lacanien et la mère bienveillante….pffftt

Quelques huit semaines plus tard, à la mi mai donc, essayage sur toile-tailleur pendant 1heure 30 pour …reprendre des mesures et surtout établir des équilibres fondamentaux.

De tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent disait Coluche.
Alors place à quelques images ...et la suite un peu plus tard, si vous le souhaitez!


annotations sur la toile et dessins de poches, du revers...

Merci pour le reportage et les photos.

Une idée des prix, et l'adresse siouplait? Que fait il à part des costumes?

Un reportage avec une interview en vidéo très faite ici

http://bespoke.blog.lemonde.fr/2007/12/27/david-diagne-la-culture-du-partage-d’un-tailleur-de-la-nouvelle-generation-12/

son adresse est 58 rue des Mathurins.
Interessant: il ne fait pas d'épaulette, trouvant plus élégant une épaule naturelle.

Très intéressant, vite la suite...


chato

Très intéressant. Je plussoie qu'une expérience chez un tailleur, un vrai pas un usurpateur type S.......r ou S.....n, c'est unique et quasi jouissif. Je n'ai pas pris de photos de mes essayages chez Meyer & Mortimer, mais je suis tellement impressionné par le costume qui m'a été livré que je compte renouveler bientôt l'expérience (au moins pour une veste) avec photos j'espère.

Sirine, les photos ont été prises par le tailleur lui-même ; c'est, au-delà, des mesures, un outil de travail pour lui, une mémoire visuelle

Le processus a pris combien de temps chez M&M, entre le choix du tissu et la livraison finale ??
Il procède sur toile de tailleur également ?

Pas d'utilisation de toile de tailleur non en l'occurrence. Vu que la plupart des essayages se faisaient lors des visites à Paris, ça a duré 7 mois pour la veste avec 4 essayages je crois, pour arriver à un résultat qui me comble réellement. Hélas ça a été plus long pour le pantalon (curieusement), avec fautes partagées. J'ai eu un deuxième pantalon plus tard. Si j'avais été sur place, je pense que 4 mois auraient été suffisants.
Le sentiment, qui sera certainement le tien, c'est -bêtement- cette impression de parfait ajustement du vêtement (je parle de la veste avant tout) avec ta personne. La sensation est plus neutre avec une chemise sur mesure par exemple, où l'on ressent moins cette personnalisation. Bon c'est un peu difficile à expliquer, je pense que tu partageras cette impression aussitôt que tu le porteras.

sirine a écrit:Pas d'utilisation de toile de tailleur non en l'occurrence. Vu que la plupart des essayages se faisaient lors des visites à Paris, ça a duré 7 mois pour la veste avec 4 essayages je crois, pour arriver à un résultat qui me comble réellement. Hélas ça a été plus long pour le pantalon (curieusement), avec fautes partagées. J'ai eu un deuxième pantalon plus tard. Si j'avais été sur place, je pense que 4 mois auraient été suffisants.
Le sentiment, qui sera certainement le tien, c'est -bêtement- cette impression de parfait ajustement du vêtement (je parle de la veste avant tout) avec ta personne. La sensation est plus neutre avec une chemise sur mesure par exemple, où l'on ressent moins cette personnalisation. Bon c'est un peu difficile à expliquer, je pense que tu partageras cette impression aussitôt que tu le porteras.

Viennent-ils régulièrement à Paris? j'avais imaginé que tu avais fait le pèlerinage vers la perfide !

Oui, je pense être sur la même longueur d'ondes que toi lors des essayages : une seconde peau, une grande intimité, un gant...

3 semaines plus tard, le travail du plastron est quasi terminé.

La chose est là, sur la table de coupe, mais n’a ni manche, ni poche, ni garniture intérieure, la longueur n’est pas définie …ça ne ressemble pas à grand chose mais vous commencez à l’apprivoiser. Une infime imagination suffit à deviner ou lui accorder un certain potentiel… un fœtus de veste en quelque sorte !

L’intérieur de la chose, dont je n’ai malheureusement pas de photo, révèle le plastron avec ses centaines de points faits à la main. Ce travail de mise sur toile, de tension des fils est essentiel pour le galbe de la poitrine mais aussi pour le roulé des revers : fondation et cœur de la veste qui montrent le talent du tailleur.

En fait, la chose est composée de trois morceaux de tissus (un demi avant-droit, un demi avant-gauche et un dos constitué également de deux parties) tentent de se familiariser avec des épaules, un torse, des hanches… pour que cela ressemble in fine à une veste.

Mais avant la veste finale, tout va encore bouger pour trouver l’équilibre sinon parfait au moins idéal. En effet, deux écoles s’affrontent confraternellement : priorité à la ligne du vêtement ou priorité au corps avec ses forces et faiblesses (ses risques et opportunités ? là, je m’égare !). J’ai choisi le second camp, plus naturel me semble-t-il, mais qui impose essayage long de plus d’une 1h30 pour cette séance. Les épaules seront également naturelles donc sans rembourrage ou épaulette.

Il faut bien avoir en tête que les mesures sont prises à plat (sur un plan euclidien à deux dimensions) et que les corps sont en général en 3 D. Donc (malgré les projections possibles d'un volume sur une plan et réciproquement ...vous vous souvenez des cartes de Mercator!!), les mises au point se font par tâtonnement, essais successifs et itératifs, …Patience, patience et patience, les trois secrets de la mesure !!!


un pantalon cousu de fil blanc, des épingles repères pour refaire, la ceinture n'est pas finalisée...


la longueur de la chose n'est pas encore fixée, les plis divers et variés dans le dos sont repérés, l'emplacement des futures manches n'est pas encore marqué...


aucune poche, pas de col, le roulé du revers est amorcé naturellement par les tensions du plastron, la largeur du revers n'est pas défini...avec des boutons la veste sera plus fermée !


la naissance des manches est notée à la craie...et il y aura un centimètre de différence entre la droite et la gauche, pffft!! ; les plis sont déjà plus atténués (on peut voir des épingles à la verticale de la nuque et d'autres épingles vers les aisselles); une longueur de veste est amorcée avec des épingles...

amator a écrit:

sirine a écrit:Pas d'utilisation de toile de tailleur non en l'occurrence. Vu que la plupart des essayages se faisaient lors des visites à Paris, ça a duré 7 mois pour la veste avec 4 essayages je crois, pour arriver à un résultat qui me comble réellement. Hélas ça a été plus long pour le pantalon (curieusement), avec fautes partagées. J'ai eu un deuxième pantalon plus tard. Si j'avais été sur place, je pense que 4 mois auraient été suffisants.
Le sentiment, qui sera certainement le tien, c'est -bêtement- cette impression de parfait ajustement du vêtement (je parle de la veste avant tout) avec ta personne. La sensation est plus neutre avec une chemise sur mesure par exemple, où l'on ressent moins cette personnalisation. Bon c'est un peu difficile à expliquer, je pense que tu partageras cette impression aussitôt que tu le porteras.

Viennent-ils régulièrement à Paris? j'avais imaginé que tu avais fait le pèlerinage vers la perfide !

Oui, je pense être sur la même longueur d'ondes que toi lors des essayages : une seconde peau, une grande intimité, un gant...

oui il vient 3-4 fois par an à Paris car il a beaucoup de clients français.

Voilà je ne voulais pas utiliser l'expression mais c'est ça, une sorte de seconde peau.

bon, bin....

ENCORE!!!!!!!!

"encore"....

au porte par exemple?
(debut de )

Amator, ou l'art du teasing ...

Shu.

amator a écrit:

Celle-ci fait réellement envie. Le cran est magnifique, la courbe, la rondeur du revers et la longueur de la partie supérieure du même revers me font me pourlécher les babines.

On en redemande.

Cordialement.

j'hesite entre:
"pffff meme pas mal"
"que de boutons, ca c'est les artisans tu leurs demande ca et ils te livrent..."
"encore......"

cet homme joue avec mon coeur....

Faites cesser ce suspense insupportable !

Ça me donne des idées pour bientôt tout ça...

sirine a écrit:Faites cesser ce suspense insupportable !

Je plussoie !


Chato

livraison effectuée avec bonheur : une dernière ronde

Très sympa. Félicitation

J'aime beaucoup la cambrure du dos.
Par curiosité quelle est la largeur du bas de pantalon ?
Il semble relativement étroit mais va très bien avec la ligne du costume.

Sybarite a écrit:J'aime beaucoup la cambrure du dos.
Par curiosité quelle est la largeur du bas de pantalon ?
Il semble relativement étroit mais va très bien avec la ligne du costume.

Mon cher Syb : 19 cm pour le bas de pantalon

Amator, superbe réalisation
Et merci de nous faire partager cette expérience

très joli !

je sais bien que ce n'est pas le sujet sur ce site, mais je soupconne de smpathiques souliers au bout foncé??

Sinon, "a premiere vue" (juste histoire de reclammer d'autres photos), la forme te va tres bien et te cree une superbe ligne!!
comme souligne la cambrure du dos, mais aussi la belle ligne devant... le pantalon qui a l'air de tomber "aux petits ognons"

allez zou, des photos "dignes de toi" en belle lumiere!

(miam)
edit: rajout de commentaires

Très beau costume, félicitations. Le bas à 19 cm est parfait.

les finitions top. Trés belle ligne. Ton feeling porté?

@ Eclectique :

A porter, c'est très confortable comme une seconde peau mais je me sens bien tenu également (près du corps) je ressens la veste mais elle permet une grande liberté de mouvements en même temps ...gant, armure souple

Je n'avais eu cette sensation qu'une seule fois auparavant ; avec un smoking que j'avais acheté à Portobello aux puces, il y a bien longtemps, un peu plus de trente ans ! Mais le smoking était très "rembourré" aux épaules (pas mal de padding comme disent les grands bretons) alors que la veste actuelle est sans épaulettes, épaules natures...une expérience que je recommencerai dès que le petit cochon sera engraissé