Gentleman, Dandy, Elegant ou bling bling ?

Mon actuelle lecture du livre de Roetzel et son titre,
"Gentleman a timeless guide to fashion" https://engrandepompe.1fr1.net/bar-f8/livre-gentleman-a-timeless-guide-to-fashion-t314.htm m'amènent à poser quelques questions.

Ce livre (qui fait sciemment l'impasse sur l'aspect comportemental) est rempli de conseils plus onéreux les uns que les autres, et se veut être le guide du parfait gentleman.

Gentleman vient du français "gentilhomme" c'est à dire noble de naissance, et n'est absolument pas synonyme de fortuné, mais évoque plutôt quelqu'un ayant reçu une éducation rigoureuse et remarquable par son comportement emprunt de sang froid et de réserve.

Considérant que le terme "Gentleman" est usurpé, il faut chercher un autre mot, le premier qui vient à l'esprit est "dandy", mais après quelques recherches il apparait que dandysme évoque plutôt un excès d'élégance et de raffinement, et surtout le dandy se doit être original. La aussi aucune originalité à appliquer des "recettes" mises au point pour d'autres, donc le terme dandy ne peut être appliqué.

Je poursuis ma quête : Élégant ?
Quel est le rapport entre élégance et pouvoir d'achat ? Un costume confectionné par un tailleur de quartier tombe-t-il forcement plus mal qu'un costume issu de Savile Row ? Un cordonnier est-il incapable de fabriquer une ceinture de qualité ? etc

Dépassant le stricte cadre de l'ouvrage ces questions nous dirigent sur l'interrogation majeure : "Peut-on être élégant sans investir dans des marques prestigieuses ?" ou de façon plus subtile "Quel est le rapport entre luxe et élégance ?".

D'aucuns diraient qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre la classe et la coquetterie mon pauvre José.

Je pense pour ma part (et j'espère, sinon je suis mal barré...) que porter des vêtements qui coûtent beaucoup d'argent n'est pas synonyme d'élégance...
Pour moi tout est dans la façon d'être, se tenir, se comporter, bouger... Pas besoin d'une cravate hermes pour être élégant. Une paire de Markowski bien glacée sera plus élégante que des Berluti avachies, pas entretenues...
Bref des gens qui ont un fort pouvoir d'achat et qui pourtant ne sont pas élégants on en connait tous...

Il est possible d'être élégant avec un budget relativement modeste, mais ce sera plus difficile aussi, sans pour autant être moins gratifiant

terry a écrit:"Peut-on être élégant sans investir dans des marques prestigieuses ?"

Peut-on réaliser un grand film sans investir 100 millions d'€uros ?

terry a écrit: "Quel est le rapport entre luxe et élégance ?".

Quel est le rapport entre argent et créativité ?










(Si vous avez pensé « Oui » et « Aucun », vous avez vos réponses.)

C'est compliqué l'élégance vestimentaire, ce n'est pas d'abord une question de budget, mais je crois la capacité à trouver un style en sachant porter des vêtements en adéquation avec ton physique, en sachant allier des couleurs, des motifs, des étoffes, en trouvant les bons contrastes.
Et je dirais que tu peux même porter des vêtements réellement élégants sans avoir aucune allure (Regarde Nicolas S. par ex). Inversement, Barack O. arrive à avoir de l'allure avec des vêtements d'une élégance relative.
Je pense que c'est une fois que tu commences à avoir quelques certitudes sur ton "style" que tu peux envisager d'augmenter le budget, pour avoir de temps en temps accès à des vêtements ou des souliers réalisés par des gens ayant un grand savoir faire, dans des matériaux et avec des finitions d'une qualité et d'une durabilité introuvables en-dessous d'un certain niveau de prix, parce que tout cela se paye malgré tout. Je ne parle pas évidemment de ces marques qui vendent cher des produits au rapport qualité-prix déplorable.
Bon je t'avouerais que si j'avais 3-4000 euros à claquer là tout de suite, je filerais me faire faire une veste chez Rubinacci, parce que ça, c'est introuvable avec un "petit" budget.

Punaise t'as raison, faut faire gaffe.
J'ai mon arme secrète Poujade approuved ----------------->

LeMonarque a écrit:D'aucuns diraient qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre la classe et la coquetterie mon pauvre José.

+1 +8

A mon avis, quand on parle d'élégance on se réfère à une attirance pour les belles choses, c'est à dire esthétiquement agréables, mais aussi de bonne qualité. Et souvent, la bonne qualité ça coûte effectivement un peu plus cher que le reste.

En dehors de ça, je ne pense pas que l'élégance soit réellement une question de budget (certains vont chez Azzedine Alaia, ou même s’achètent des sous-pulls chez Yohji Yamamoto, et n'ont pourtant aucune classe), mais plutôt une question d'envie et de travail

Oui, il n'est pas nécessaire d'en avoir pour plus d'une barre de fringues sur soi pour être élégant.

J'ai pas grand chose à dire là dessus, mais juste une remarque. Dans mon domaine on est très sensible à l'effet de matière. Que ce soit pour de la rouille, quelque chose au contraire très lisse (une laque, une carrosserie de voiture), un grain de peau, une étoffe etc. Les matières "prennent" plus ou moins la lumière et sont plus ou moins faciles à éclairer.
Et bien je peux vous dire qu'une chemise en bel Oxford, à la lumière un peu rasante, Ca en jette. Tout ca pour dire que ce qui ressort avant tout pour moi du vrai luxe, c'est qu'il y a d'abord une belle matière. On "voit" tout de suite la qualité d'un tissu, d'un cuir etc. A l'oeil on voit si un cachemire est simplement "pas mal" ou exceptionnel.
Alors après, on peut se dire que plus la matière est belle, plus le fini est impeccable, plus c'est cher malheureusement. Le beau matériel technique c'est pareil aussi.

On peut sans doute essayer au mieux d'être "élégant" en faisant pas de faute d'association, en sachant se comporter etc. mais sans un minimum c'est dur d'avoir un rendu vraiment impeccable.

Heureusement y'a les dépôts ventes (enfin, pour ceux qu'ont pas les moyens mais qui veulent du beau).

Et puis un beau pantalon de toile ça a un excellent rendu aussi.

Enfin, je dirais quand même que la partie de l'habillement qui est le plus souvent négligé (et qui est vraiment horrible alors) c'est les chaussures. Je trouve plus élégant un simple jean sur des belles chaussures qu'un costume sur des chaussures moches.

C'était, comment vous dites ? "my two cents" ?


Je viens de me relire. Finalement ca sert à rien, c'est déjà ce que Torinnec disait.

allons CM, ne sous estime pas tes 2 cents

pour repartir du "debut" du fil il y a effectivement des options, voir des choix entre elegance, dandysme, allure, style... et a partir de cela multiples combinaisons possibles

il y avait (a toujours je crois ) par ex un forum d'un jeune homme qui avait du style (oriente "dandy" plus que "classe" si je peux nuancer ainsi) et qui mariait dans ses tenues pieces H&M et cheres et/ou cheres d'occasion

Le resultat ne tenant pas tant dans la marque/prix de l'objet que dans l'assemblage qu'il en fait, la manière de le porter et la qualite des choix.. Bref, ce que tu aimes d'une part et qui t'es adapté d'une autre = que tu porteras bien et cela sautera aux yeux

Tout n'est pas question que de prix c'est clair, et en plus si vraiment tu prends l'option qu'une qualite "minimum" est necessaire sur les pieces que tu dois porter, alors il reste toujours la solution des depots ventes. Le cote vintage ou en tous les cas pas neuf rajoutant souvent au charme global en plus tu n'y perds pas forcement

bon, c'est 1,5 cents qui ne font que confirmer certains cents precedents...

Bonjour, je suis plutôt d'accord avec ce qui ressort comme esprit de cet article.
Je préfère mettre du Zara par exemple et bien le porter, que de mettre du luxe et ne pas savoir le porter.
Le mieux, c'est de pouvoir ne s'habiller qu'en "luxe" et savoir s'y habiller... mais bon je sais même pas.
Après il y a l'aspect de désire, de tout avoir n'est pas selon moi la solution, j'aime me donner des objectifs et pouvoir les atteindre.

J'ai depuis que j'ai commencé a faire attention à tout cela, fait pas mal d'erreurs et avec le recul de m'être précipité
ma fait perdre pas mal d'argent. Et cet argent à ce jour pourrait m'être bien utile pour aider à ma wishlist.

Je vais déménager, et essayer d'appliquer mon nouvel état d'esprit à savoir acheter peu mais bien et adapté.
Par contre pour revenir au sujet, je prends actuellement tous les jours le RER pendant 1h40 aller et 1h40 retour et bon dieu que les hommes Français sont mal habillé.
Les femmes sont de toute manière plus jolie à regarder mais font également plus attention à leur apparence.

Je vois de tout, costume trop grand, chaussures noir enfin je crois? aucun entretien, cravates, noeud de cravates toujours mal fait.
Chaussettes blanches....... il y a tout de même des exceptions mais toujours quelque chose qui me choque.

Attention, je ne dis pas que je suis parfait de mon côté, il y a des jours ou je n'ai pas envi de m'habiller au mieux mais je fais quand même
un minimum attention. En tous les cas merci de m'avoir lu. une certaine façon par ce discours d'un peu mieux me connaître même sans me voir
les amis.

Rom

PS: désolé pour les fautes là je suis loin d'être aussi dandy ;-)

Article intéressant qui peut nourrir la réflexion engagée ici


"Elégance : par Christophe Borras, Professeur de Lettres

Du latin elegantia, dérivé de elegans (I primitiv. péjorat. : affectation dans le genre de vie et la toilette, petit maître ; II class. : 1 personne distinguée, de bon goût 2 œuvre d’art, raffinement 3 écrivain ou style châtié, correct, pur), en suit l’évolution et renvoie à l’éducation artistique et morale, à la sobriété tout au moins à l’harmonie et au goût vestimentaires, à la cohérence et à l’esthétique du raisonnement comme à l’esthétique et à la clarté du style et de l’expression — acceptions ayant cours de nos jours, le mot étant apparu tardivement, vers la fin du Moyen Age (En effet, le terme élégant semble n’avoir aucun enracinement dans les textes religieux, à l’inverse du terme séduction, dont l’étymologie signifie « emmener à part, à l’écart » et renvoie au caractère tentateur du serpent… L’élégance, si l’on s’en rapporte donc à son étymologie et à ses définitions, est plus un état et un rapport à soi-même que la séduction, davantage tournée vers la conquête de l’autre et la victoire que l’on peut remporter sur ses valeurs morales…).

Deux verbes président à l’étymologie d’élégant : e-legere (élire, choisir le meilleur du remarquable) et e-legare (nommer, députer ; recevoir une charge honorifique). Dans les deux cas se dégagent les dimensions de l’exception et du choix. Est-ce à dire que l’élégant(e) est choisi(e) à de hautes fins ? Ou sait-il (elle) choisir ce qui est digne de l’être ? Dans tous les cas, le mot élégance est l’antithèse du vulgaire (vulgus : indéterminé, foule, sans distinction). Rapporté à la rhétorique, le mot élégance est le haut lieu du parler, bien que la rhétorique puisse être un exercice creux et renvoyer de fait à cette étymologie qui débusque celui ou celle qui feint de l’être. L’élégance devient dès lors la rhétorique d’une mécanique sans valeur et rappelle le sens péjoratif qui peut aujourd’hui être afférent au substantif élégant.

L’histoire française a construit le mot. L’aristocratie moyenâgeuse cultive la fine amor, cette élégance de l’amour courtois, ce lien de vassalité qui lie le seigneur à la dame qu’il sert par une valorisation de la vaillance chevaleresque, du beau parler et de l’amour pour l’élue. Les rois y dictent le goût, comme l’écrit La Fontaine à propos de Louis XIV, tandis que les courtisans « sont ce qu’il plaît au Prince » et s’essaient non sans mal à y correspondre, tout en se conformant à la morale de l’Honnête Homme… Le XVIIIème devient le siècle où l’on se fait l’arbitre des élégances- libertinage de cour qui peut être poussé à l’extrême de la joute verbale, entre préciosité et cruauté. Quant au XIXème, avec un Stendhal et son but d’écrire le Beau ou encore un Flaubert dans son « gueuloir » ; voire le XXème siècle, avec un Proust qui cisèle la langue française, armé du souffle vigoureux bien que las d’un dandy, ils ramènent à cette fameuse étymologie du style et de l’art, de l’esthétique littéraire…

Mais c’est oublier l’élégance française, depuis sa mode (voir Luxe, ce qui est superflu ; à l’inverse de l’élégance, d’acquisition bien plus ardue), son art de vivre voire de penser, cette « douce France (qui fait écho à celle de Du Bellay) » et peut-être « le charme discret de la bourgeoisie », tout ce qui, d’une certaine manière, confine à l’esprit français sinon à l’exception culturelle… Citons encore les parisiennes et ce je ne sais quoi qui longtemps les a caractérisées, (C. Deneuve peut sembler l’égérie de l’élégance française — longtemps ambassadrice pour Chanel —, mais aussi ambassadrice dans le film documentaire sur Paris, qui concourrait pour la sélection finale de la ville recevant les Jeux Olympiques en 2012), ou ce Tiers Monde élégant qu’a pu figurer la France pour les Etats-Unis, dans les années 1980-1990…Aujourd’hui, les bobos (mot-valise composé des deux premières lettres communes aux termes bourgeois et bohèmes) semblent incarner l’avatar d’une autre élégance, si l’on en croit Renaud, dans la chanson éponyme… Ce sont un peu les héritiers de la gauche caviar, ou encore de ceux qui furent appelés, un peu avant eux, B. C. – B. G. — expression dont l’abréviation signifie « bon chic, bon genre », et qui peut tout autant être liée à leur provenance des beaux quartiers, sinon des bonnes familles et du bien penser, qu’à l’adoption d’une tenue vestimentaire correcte et somme toute codée…Intrinsèquement contradictoires, dans leurs aspirations et leur façon de vivre, les bobos ont un faible pour l’apparence et aspirent à une richesse intérieure… On ne peut espérer paraître tout en voulant être, semble redire le chanteur français. C’est s’essayer à paraître être ce que l’on n’est pas et à être cette apparence que l’on joue en croyant l’être (mais qu'est-ce que la personne, philosophiquement ramenée à son étymologie latine persona: masque de théatre?)… Le bobo, c’est le bourgeois friqué qui s’offre le frisson du bohème artiste ; ou le bohème arrivé qui accomplit le grand saut de la certitude réactionnaire… Sans doute, Molière eût-il brossé un portrait édifiant mais subtil, que préfigure, en son temps, dans ses aspirations et dans ses maladresses emphatiques, le bourgeois gentilhomme…

Difficile donc de statuer sur ce qui participe de la véritable élégance et de l’élégance factice, entre le politiquement correct, au sens littéral de l’expression, et l’incorrection déguisée. L’élégance française pourrait se saisir afin de les faire siens, des apports multiples et variés des divers groupes socioculturels qui constituent notre société. Pourquoi peu de couleur sur les podiums des défilés de mode ? La société française a-t-elle tant de difficultés à imaginer que d’autres couleurs que le blanc puissent incarner l’élégance ? L’élégance, ce pourrait être la réflexivité pesée d’une retenue morale et d’une tenue intellectuelle, la juste mesure d’une réflexion — entre l’image de soi et la pratique des autres —, une affectivité qui ne se répand pas mais une parole et une affabilité courtoises. Rien qui ne soit d’abord vestimentaire, mais, au contraire, une conscience de haute teneur, comme une distance prise pour réfléchir l’humain et le monde, qui peut en l’occurrence imprimer au corps ce port précis de l’élégance… Quoi qu’il en soit, une forme de cérébralité, sinon une capacité à l’harmonie (d’où son rapport avec l’esthétique et, poussé à l’extrême, avec l’image, l’absence de consistance…) semble précéder l’élégance. Rien, ici, qui ne soit typiquement français… "

Amator
Que tout cela est bien formulé !

L'élégance est aussi et surtout dans l'éducation, dans l'âme.
Avez vous une "belle" âme ?
L'élégance est dans le geste, dans le gratuit, dans ces petites choses, ces petites attentions qui tendent à disparaitre ; ce qui faisait l'éducation du gentilhomme.
Pour le vêtement et à mon avis, l'élégance est dans le port, et dans la propension naturelle du vêtement à disparaitre pour faire place à l'homme.
L'ostentatoire ou la marque pour la marque cachent souvent un manque de confiance en soi et/ou une volonté d'appartenir à un groupe par son "déguisement".

Etre soi même, tout simplement !