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Les Chaussures neuves de Mr. Owen

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Les Chaussures neuves de Mr. Owen Empty Les Chaussures neuves de Mr. Owen

Message  Invité Sam 8 Mai 2010 - 12:27

Le journaliste et écrivain Pierre Assouline écrivit en 2006, un livre intitulé Rosebud (Éclats de biographies), le principe en était en de raconté un fragment de la vie de différentes personnalités à travers leur "Rosebud" (métaphore issue du film Citizen Kane), ces petits riens qui nous trahissent en nous dévoilant aux autres.

Le livre compte huit "éclats" : Rosebud, la "Duchesse" de Kipling, la canne siège de Monsieur Henri, Celan sans sa montre, sous l'écharpe de Jean Moulin, une plaque rue des Grands-Augustins, dans les poches de Bonnard et donc les chaussures neuves de Mr Owen.

Dans ce chapitre, Pierre Assouline raconte qu'il a assisté au mariage du siècle, celui de Son Altesse royale le Prince de Galles et de Lady Diana Spencer le 29 juillet 1981.

Le hasard, l'a fait se trouver, dans la cathédrale St Paul de Londres à coté David Owen, ancien ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne que ses chaussures neuves firent souffrir tout au long de la cérémonie du mariage du prince Charles – scène drolatique qui en dit long sur la haute société britannique.

Je vous laisse découvrir le reste.

Brett king

Rosebud - Éclats de biographies
Auteur : Pierre Assouline
Éditeur : Gallimard

Collection : Blanche
Date de parution : septembre 2006
Format : 14 cm x 21 cm
ISBN-10 : 2070732304
ISBN-13 : 978-2070732302
Nombre de pages : 219

Collection : Folio
Date de parution : février 2008
Format : 11 cm x 18 cm
ISBN-10 : 2070349292
ISBN-13 : 978-2070349296
Nombre de pages : 264


Edit : Interview de Pierre Assouline par Elias Levy que l'on peut trouver, avec d'autres critiques ici : http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1&section=10&article=45531

Qu'est-ce qu'un "Rosebud" ?

"Rosebud, qui signifie en anglais "bouton de rose", c'est le mot énigmatique que murmure Citizen Kane aux ultimes secondes de sa vie. Son rosebud se révélera être le nom que portait la luge de l'enfant qu'il fut, vestige d'un passé à jamais révolu. Ce film culte d'Orson Welles, que j'ai vu et revu des dizaines de fois, m'a profondément marqué. C'est Thompson, l'audacieux reporter qui fouille dans le passé de Kane, qui m'a donné l'envie de devenir biographe. Pour moi, le rosebud, c'est une métaphore. Il s'agit d'un détail révélateur des failles et des secrets de chacun d'entre nous. À partir du prisme très particulier que constitue ce détail, que j'isole de manière subjective et arbitraire, je raconte la vie et l'oeuvre d'un homme. Depuis quelques années, systématiquement, je m'intéresse chez un personnage davantage aux détails qu'à la vue d'ensemble."

Ces "éclats de biographie" ne sont-ils pas une manière de renouveler l'art de la biographie classique ?

"C'est un genre que j'ai envie de propager et peut-être même d'accentuer en écrivant d'autres biographies dans le même esprit parce que ma volonté est de renouveler la biographie, qui est un genre qui s'essouffle, un peu vieillot. Enfin, c'est une tentative. Les Anglais ont fait un peu ça, il y a plus d'un siècle, en publiant des petites vignettes biographiques. Moi, j'ai fait ça à ma manière, avec ma propre personnalité d'écrivain. Mais force est de rappeler qu'écrire un éclat de biographie en trente pages très concentrées, ça demande autant de recherches et de travail que si j'avais dû en écrire six cents!"

Comment avez-vous choisi les personnages qui campent dans Rosebud ?

"Au départ, j'avais sélectionné une quinzaine de personnages, pas au hasard, car ce sont tous des figures sur lesquelles je travaille depuis des années, qui me hantent. Les personnages qui sont restés dans ce livre me paraissaient s'imposer. Je ne suis pas quelqu'un qui réfléchit beaucoup, je travaille plutôt d'instinct. Donc, si j'ai mis ces chapitres-là dans cet ordre-là, c'est plus par instinct que par un choix délibéré. J'aurais pu choisir d'autres personnages, qui attendent dans un tiroir d'où ils sortiront peut-être un jour ou ne sortiront jamais."

Ce qui frappe en lisant ce livre, c'est qu'il y a un thème commun à tous les personnages: la mort.

"C'est vrai, la mort rôde dans toutes les pages de ce livre. Être taraudé par la sempiternelle question de la mort, c'est une obsession que je partage avec quelques dizaines de milliards d'individus. Là, en l'occurrence, c'est la mort chez les autres et la mort volontaire à l'intérieur de la mort: le suicide. Je ne m'imaginais pas en écrivant ce livre écrire un livre sur la mort. Je m'en suis aperçu après avoir écrit le livre, quand je me suis demandé s'il y avait un point commun entre tous les personnages."

En écrivant Rosebud, n'avez-vous pas écrit aussi votre autobiographie ?

"Vous avez sûrement raison. La vraie autobiographie d'un biographe, c'est la somme de toutes ses biographies. Je n'y échappe pas, bien sûr, d'autant plus que dans quelques-uns de ces éclats biographiques, je me suis permis de parler de moi ou des miens à la première personne. La dimension autobiographique est en réalité le coeur du sujet, mais je n'en étais pas conscient en écrivant le livre. Je ne m'en suis rendu compte qu'à la fin, quand le livre était sous presse."

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Les Chaussures neuves de Mr. Owen Empty Re: Les Chaussures neuves de Mr. Owen

Message  Sybarite Dim 18 Juil 2010 - 20:59

Pour rebondir sur le très intéressant post de Brett, je vous livre un extrait d’un récent livre de Pierre Assouline, « Les invités »


Assise bien droite dans un fauteuil Régence, Christina Le Châtelard les observait (les invités) un à un silencieusement. Cette petite assemblée lui rappelait un dessin de Sem qui ornait autrefois une réclame pour le magasin High Life Tailor rue de Richelieu ou rue Auber, sur laquelle on pouvait lire : « La brute se couvre, le sot se pare, l’homme élégant s’habille ».
[…]
Avant même la cravate, les nœuds. Les gros prétentieux, les petits maigrelets, les très serrés à s’étrangler et les négligemment relâchés, pour ne rien dire des plis et torsades. Comme si leur âme s’était réfugiée dans leur nœud. Il fut un temps où Madelios et Old England faisaient venir de Londres jusqu’au boulevard des Capucines un expert en nouage de cravates à l’intention de leurs fidèles clients. Aucun détail n’est insignifiant dès lors qu’on le considère avec une certaine intensité.
Elle s’étonnait d’une banalité : tous les hommes étaient en complet sombre. Le soir après dix-huit heures, n’était-ce pas une convention immuable depuis la fin du XVIIIe siècle, mais qu’importe ; elle comprenait mal cette habitude de se donner des allures d’entrepreneurs des pompes funèbres, d’autant que certains poussaient le vice jusqu’à ne porter que des cravates noires sur leur chemise blanche. Rien n’était plus sinistre. Seul le mince ruban rouge de la Légion d’Honneur ou le bleu de l’ordre du Mérite rehaussait parfois la marée noire, le premier pour mérites éminents, le second pour mérites distingués, nuance de vanité qui passait largement au-dessus de la tête des spectateurs.
[…]
Hormis cette dépression vestimentaire, elle s’attacha particulièrement aux souliers ; de tous les détails, il était celui qui posait une personne à ses yeux. Ainsi, Stanislas Sévillano ce cher Stan, était de toute l’assemblée le seul dont elle était assurée qu’il mourrait les pieds impeccablement chaussés. Non seulement ses souliers étaient de qualité, mais ils étaient nettoyés, cirés « à la lune » dans la recherche d’une certaine décoloration, lustrés comme à leur premier jour, les lacets soigneusement repassés. Elle en était convaincue depuis le soir où il lui avait confié la misère de ses débuts, ses chaussures crottées lors de son arrivée à Paris, sa hantise d’y voir refléter son absolue pauvreté et le vœu qu’il forma alors de ne plus se laisser prendre en défaut par ses pieds ; elles l’eussent trahi, comme elle trahissaient déjà les autres invités, les trop neuves et les trop abimées, les tape-à-l’œil et les démodées, les à-côté-de-la-plaque et les classiques, les toujours anglaises et les tellement italiennes.
Christina aurait pu ranger toute l’humanité dans ces catégories, à condition de ne jamais oublier que ce n’était pas tant le soulier en soi qui portait jugement sur son propriétaire, que son état.
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